Bonne nouvelle pour tous ceux qui souffrent régulièrement du syndrome de la "tête dans l'étau". Migraines et autres maux de tête importants et à répétition n'augmentent pas le risque de déclin intellectuel, selon une étude publiée dans le British Medical Journal, mercredi 19 janvier, menée par le neurologue Christophe Tzourio (Inserm-Université Pierre-et-Marie-Curie, Paris) et basée sur 780 personnes de plus de 65 ans suivies pendant dix ans. En France, 11 millions de personnes, dont 5 à 10 % d'enfants, sont migraineuses.
"J'ai vu beaucoup de migraineux et la première question qu'ils posent est 'est-ce que ça va abîmer mon cerveau ?'" Aujourd'hui, on peut fermement leur répondre qu'il n'y a "pas d'inquiétude à avoir", a déclaré Christophe Tzourio.
De récents travaux, notamment l'étude Camera, parue dans une revue américaine, le Journal of the American Medical Association, ont montré que les migraineux présentaient plus souvent des lésions des micro-vaisseaux du cerveau que le reste de la population, laissant planer un doute sur leur devenir intellectuel.
DES LÉSIONS SANS CONSÉQUENCE
On les observe chez pratiquement toutes les personnes âgées, mais leur sévérité est très variable selon les individus, souligne le neurologue et chercheur. Elles sont cependant plus importantes chez les hypertendus et les diabétiques. Or, d'après plusieurs études, en grande quantité, ces lésions augmentent le risque de détérioration cognitive (raisonnement, mémoire, etc.) et de maladie d'Alzheimer.
L'étude visait à vérifier l'impact de la migraine sur les capacités cognitives de personnes de plus de 65 ans recrutées dans la population française, à Nantes. Plus de 800 d'entre elles ont subi des IRM cérébrales et ont, entre autres, dû passer des tests d'évaluation (orientation dans le temps et l'espace, mémoire, etc.). Les résultats montrent que 21 % des personnes souffrent ou ont souffert de céphalées sévères au cours de leur vie, de migraines dans la majorité des cas.
L'imagerie confirme que les sujets souffrant de céphalées sévères ont deux fois plus de risques d'avoir beaucoup de lésions des micro-vaisseaux cérébraux par rapport aux sujets sans maux de tête. En revanche, et c'est la conclusion la plus rassurante, leurs scores aux tests ne sont pas altérés. Ce constat est le même, ajoute M. Tzourio, pour une forme rare de migraine, dite "avec aura" (2 % de l'échantillon étudié), qui présente encore plus de lésions.