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Blog créé le 06/12/2009

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 14/12/2020
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Lorsqu'il se réveilla le lendemain, le prince n'en crut pas ses yeux. Étaient-ce des palmiers ou de colossales plantes aquatiques qui poussaient là ? Jamais le prince n’avait vu arbres aussi beaux ni aussi vigoureux. On y admirait de longues guirlandes formées par des plantes étranges entrelacées, telles qu’on les trouve seulement peintes en couleur et en or sur les marges des anciens livres de prières ou autour des lettres initiales.
C’étaient de bizarres collections d’oiseaux et de fleurs. Tout près de là se tenaient une foule de paons avec leurs queues brillantes et déployées ; mais le prince en les touchant vit que c’étaient d’énormes feuilles aux couleurs éblouissantes.
Le lion et le tigre, apprivoisés comme de petits chats, jouaient dans les haies vertes et parfumées ; le ramier, resplendissant comme une perle, frappait de ses ailes la crinière du lion, et l’antilope, ailleurs si craintive, regardait tranquillement et avec envie les jeux des autres animaux.
Une femme aux ailes diaphanes arrive vers eux en voletant, toute en grâce et en finesse. Ses vêtements rayonnent comme le soleil, son visage sourit avec la tendresse d’une mère qui admire son enfant chéri. Elle est jeune et belle, et accompagnée d’une troupe de jeunes filles portant chacune une brillante étoile dans les cheveux.
Le dragon vert lui donne la feuille de l’oiseau phénix, et la fée, car c'était elle, transportée de joie, prenant le prince par la main, l’introduit dans son château, dont les murs semblent tapissés de feuilles de tulipes bigarrées, et dont le plafond, d’une hauteur incommensurable, n’est qu’une grande fleur rayonnante.
Le prince, s’étant approché d’une fenêtre, aperçut l’arbre de la science avec le serpent, et non loin de là, Adam et Ève.
– N’ont-ils pas été chassés ? demanda-t-il en les indiquant du menton.
La fée sourit et lui expliqua comment le temps avait imprimé une image sur chaque carreau, et comment ses images, bien différentes des peintures ordinaires, étaient douées de la vie. Les feuilles des arbres y remuaient, les hommes allaient et venaient, comme dans une glace ; oui, tous les événements de ce monde se reflétaient ainsi dans les vitres en tableaux animés, que le temps seul avait pu produire.
Au milieu de la salle où le prince se trouvait se dressait un grand arbre dont les branches portaient des pommes d’or grosses et petites, scintillant parmi les feuilles vertes. C’était l’arbre de la science. Chaque feuille laissait tomber une goutte de rosée rouge et brillante comme une larme de sang.
– Montons en bateau, dit la fée, nous nous rafraîchirons sur l’eau légèrement agitée ; le bateau s’y balance sans avancer, tandis que tous les pays du monde passent devant nos yeux.
Que le mouvement du rivage était étrange ! Le prince vit défiler les hautes Alpes couvertes de neige, avec leurs nuages et leurs sapins noirs ; le cor sonnait mélancoliquement, et les bergers chantaient dans le vallon. Ensuite les bananiers étendirent leurs longues branches jusqu’à la barque ; des cygnes noirs nagèrent sur l’eau ; les animaux et les fleurs les plus bizarres se montrèrent sur la rive. C’était la Nouvelle-Hollande, la cinquième partie du monde, qui passait en présentant la perspective de ses montagnes bleues. On entendait les chants des prêtres, et on voyait danser les peuplades au son du tambour et des tubes d’os. Vinrent ensuite les pyramides d’Égypte, touchant aux nues ; des colonnes et des sphinx renversés, à moitié enfouis dans le sable. Puis apparurent les aurores boréales des pays du pôle c’étaient des feux d’artifice sans pareils. Le prince était ravi au delà de toute expression ; il vit cent fois plus de merveilles que nous ne pouvons en énumérer ici.
— Pourrai-je toujours rester ici ? Demanda-t-il.
— Cela dépend de toi, répondit la fée. Si tu ne te laisses pas séduire, comme Adam, par ce qui est défendu, tu pourras y demeurer éternellement.
— Je ne toucherai pas aux pommes de l’arbre de la science, dit le prince ; il y a ici mille autres fruits aussi beaux qu’elles.
— Éprouve-toi toi-même, reprit la fée, et, si tu ne te sens pas assez fort, repars avec le dragon du Vent d’Est qui t’a amené. Il va nous quitter pour cent années. Toutes ces années-là, si tu restes, ne te paraîtront pas plus longues que cent heures ; cela suffira bien pour la tentation et le péché. Chaque soir, en te laissant, je te crierai : « Suis-moi ! » Je te ferai signe de la main, et tu devras rester en arrière ; autrement tes désirs grandiraient à chaque pas. Tu visiteras la salle où se trouve l’arbre de la science ; je dors sous ses branches parfumées ; je t’appellerai, mais si tu t’approches, le Paradis s’engloutira sous la terre, et tu l’auras perdu pour jamais. Le dragon rouge du vent terrible du désert sifflera autour de ta tête ; une pluie froide et piquante dégouttera de tes cheveux ; la peine et la misère deviendront ton partage.
— Je reste, dit le prince.
Le dragon vert l’embrassa, et dit :
– Sois fort dans cent ans nous nous reverrons. Adieu, adieu.
Puis il étendit ses larges ailes, qui brillaient comme les éclairs en automne, ou comme l’aurore boréale par un hiver rigoureux.
– Adieu, adieu ! répétèrent toutes les fleurs et tous les arbres.
Des files de cigognes et de pélicans s’élevèrent dans les airs et accompagnèrent le dragon du Vent d’Est comme des rubans flottants, jusqu’aux limites du jardin.
— Demain nous commencerons nos danses tentatrices dit la fée au prince. Tu peux te reposer pour l'instant.
Ainsi fit-il.
Si mon histoire n'est pas finie, il est quand même temps d'aller au lit.
Quand vous vous réveillerez
hier ira de l'avant
et demain sera aujourd'hui
d'ici-là bonne nuit à toutes & tous !



 

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