Je suis collectionneuse mais je me soigne !
LE COLLECTIONNEUR[1]
Cette occupation absorbe du temps et de l’énergie.
Le comportement du collectionneur est aux multiples facettes.
Vous avez les « collectionneurs placard » introvertis et méfiants, ne montrant jamais leur collection et les « collectionneurs vitrine » extravertis et parfois exhibitionnistes, ne parlant que d’elle.
La passion peut se décliner de mille façons : l’accumulation forcenée, le choix sélectif, les objets gros ou petits, artistiques ou utilitaires, les modes, la collection familiale. Il y ceux qui dépensent peu ou engloutissent un salaire.
Un point commun : tous ressentent la même excitation lorsqu’ils chinent dans une brocante, la même émotion lorsqu’ils trouvent un objet. C’est un vrai comportement amoureux.
Autre caractéristique de certains collectionneurs : l’absence de point de saturation. C’est pourquoi le « collectionnisme » n’est ni un comportement pathologique, ni une maladie, c’est un traitement en soi ! Et bien des collectionneurs sont déprimés lorsqu’ils ont terminé une collection.
Le psychologue Henri Condet, dans sa thèse, recense quatre caractéristiques du collectionneur : - le désir de possession, - le besoin d’activité spontanée, - l’entraînement à se surpasser - et la tendance à classer.
Ceci peut correspondre à un besoin de classer des éléments du monde extérieur pour en prendre intellectuellement possession.
Quelque soit le type de collection, chaque objet a un sens particulier pour son possesseur. On peut se demander si cette quête perpétuelle d’acquisition n’est pas une tentative de restaurer l’image de soi en la complétant sans cesse d’éléments nouveaux.
La grande majorité des collectionneurs sont fiers de leur passion, de connaître à fond leur sujet, de faire œuvre de protection d’un patrimoine culturel, ce qui confirmerait l’hypothèse de la valorisation narcissique. Le comportement devient dangereux lorsque le passionnel prend le dessus et que le collectionneur perd toute notion de la réalité.
La majorité des collectionneurs [2] y consacrent 5 à 20% de leur budget. 90% s’occupent régulièrement de leur collection, mais le temps passé varie de 10 à 100% du temps de loisir total. 60% acceptent de montrer leur collection à leurs amis, 20% de temps en temps, 20% jamais.
Pour le collectionneur, l’objet peut être un langage qui fait résonner un point précis de sa personnalité et le chercher est une véritable chasse au trésor.
LE COLLECTIONNEUR [3]
Les collectionneurs sont des acheteurs et des consommateurs très particuliers. Une collection est le choix, la réunion et la conservation d’objets qui ont une valeur subjective. Le collectionneur attribue un pouvoir et une valeur aux objets parce que leur présence et leur possession ont une fonction réparatrice, palliative, protectrice face à l’anxiété et l’incertitude.
CARACTERISTIQUES
Collection et trajectoire de vie Selon Muensterberger[4],« L’affection se reporte sur des choses qui, aux yeux de celui qui les regarde, finissent par avoir une âme, ainsi que les amulettes et les fétiches dans les sociétés primitives, ou les saintes reliques pour les dévots » Ce phénomène qui consiste à donner une « âme » à un objet est appelé « animisme » chez les anthropologue, « attachement » chez les psychologues. S’entourer d’objets peut avoir pour seul but de s’accommoder de soins insuffisants ou d’autres traumatismes. Ils deviennent alors des substituts symboliques pour survivre dans un monde considéré comme inamical, voire dangereux. Tant qu’il peut les toucher, les prendre, les posséder et surtout les renouveler, ces substituts sont la garantie d’un soutien affectif.
Collection et identification La collection est forcément un reflet de la personnalité, des goûts, des aspirations… Muensterberger affirme que « les goûts, les choix, le style sont obligatoirement influencés, souvent de manière inconsciente, par le Zeitgeiste, l’esprit et le climat socioculturel d’une époque. Collectionner peut être se rappeler sa jeunesse, une période de la jeunesse où on était bien. Ce peut être se rattacher à une valeur sûre, stable, viable, source de longévité. Cela peut faire appel à une référence, des modèles, des professeurs. Il peut y avoir une ou plusieurs collections. Les goûts peuvent se déplacer, les intérêts et buts se modifier avec une première collection, puis une collection « secondaire ».
La collection comme l’expression de la valeur de soi C’est ainsi que le collectionneur peut chercher plus de réconfort dans les objets que dans les êtres. Le fait de collectionner est une entreprise très personnelle et souvent solitaire. La possession est le lien le plus intime qu’un individu puisse avoir avec les objets. Ils ne prennent pas vie en lui, c’est lui qui vit en eux. On peut faire l’hypothèse que même si les collectionneurs aiment s’entourer de personnes partageant leur passion, il ne noue pas de véritables relations. Ce ne reste que des « contacts » qui cependant peuvent être très importants car ils sont des intermédiaires pour continuer la collection et se mettre en valeur, en scène. Le collectionneur aime à parader et à étaler ses possessions pour tenter de surcompenser le doute et l’incertitude. C’est une façon de dire : « regardez, je suis là », de s’exprimer, d’être approuvé, reconnu comme exceptionnel. L’objet est ainsi une représentation de lui-même. Collection et satisfaction Le récit de la recherche et de l’acquisition fait penser à une histoire d’aventures, à un roman d’amour et de magie. Le collectionneur revit alors instantanément le moment passé. Pendant les moments où il achète moins le collectionneur se dit « calmé », mais seulement calmé car il existe chez lui une absence de point de saturation. C’est un éternel insatisfait. Une fois qu’il possède un objet, il faut passer à autre chose. Et pour obtenir un objet, il peut passer par certaines « frivolités ». La collection est généralement exposée de façon à ce qu’elle soit mise en valeur pour la contemplation du propriétaire, à une place stratégique. C’est une expérience visuelle et tactile. Un collectionneur interviewé par Muensterberger résume très bien cette sensation de satisfaction : l’enchantement le plus profond pour le collectionneur est d’enfermer des objets à l’intérieur d’un cercle magique dans lequel ils sont immobilisés tandis que le frisson ultime, le frisson de l’acquisition passe sur eux.[…] Il suffit de regarder un collectionneur disposer des objets dans une vitrine. Au moment où il les tient dans ses mains, on dirait qu’il voit à travers eux, dans leur lointain passé, comme s’il était inspiré »
Compétences du collectionneur L’attention du collectionneur semble toujours en alerte, dans une vigilance permanente. Il emploie toutes les ressources possibles pour obtenir des informations et se construit un réseau. Il se fabrique une image mentale, à partir de photos, de ce qu’il va voir et peut-être acheter. Il acquière des connaissances liées à l’achat, à l’environnement de la collection, à l’objet même de la collection. Il achète, fait du troc, revend, échange… Il mémorise à court et long terme pour se souvenir des caractéristiques de chacun de ses objets, de ses contacts. Il répertorie souvent les données dans un catalogue ou tout est référencé. Le grand dilemme de la passion et de la raison est présent lors de la décision d’achat.
Critères de choix du collectionneur La quantité Sa collection représente un volume qu’il se représente en pièces, étagères, nombre…et la quantité a souvent une fonction défensive comparable à une provision de nourriture. La qualité La rareté, l’ancienneté et la provenance semblent être les 3 facteurs de la qualité d’une pièce. Mais tous les collectionneurs ne choisissent pas de collectionner des pièces rares liées à la valeur de l’objet,ce qui empêche de se « soulager » plus fréquemment.
-------------------------------------------------------------------------------- [1] Pigani Erik - Les collectionneurs sont-ils névrosés ? Psychologies.com. Psychologies magazine. , juillet 1998
[2] C. Frère-Michelat Eh bien ! J’aimerais mieux la voir mourir ! Coll. « Passion », musée d’Ethnographie, Neuchâtel, 1982
[3] Vandeville Gwénaëlle, Ladwein Richard - Le collectionneur : un Acheteur et Consommateur frustré, passionné, maniaque, insatisfait – le cas d’un collectionneur de Spiderman
[4] Muenstenberrger Le Collectionneur : Anatomie d’une passion – Payot 1996
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C'est à 50 ans que j'ai voulu retrouver les livres de ma jeunesse et probablement mes yeux d'enfant pour lire le monde.
J'ai constitué pas à pas ma collection depuis deux ans, en cheminant sans me presser. Quand je la regarde, quand je tourne les pages des livres, j'ai chaud au coeur. Cela me fait très plaisir de vous la présenter aujourd'hui ! |
Si comme moi, vous commencez cette collection, vous aurez peut-être du mal à trouver les numéros et titres qui existent.
Je constitue la liste au fur et à mesure et vous propose de vous en faire bénéficier. Sans le savoir vous avez peut-être ces livres d'enfant dans votre grenier! Je constitue en fait 2 fois cette collection. J'en prévoie une pour Julien et une pour Mathilde, mes deux grands enfants.
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