Conseil jardinage : Au jardin, le bon sens prime pour bien passer l’hiver

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L'astuce

Dans la croyance commune du jardinier peu expérimenté, les arbres, arbustes et vivaces souffrent du froid en hiver. Il s’empresse alors, la mauvaise saison venue, d’emmitoufler ses végétaux dans de coûteuses protections hivernales et notamment des voiles synthétiques pas toujours recyclables.

En hiver, les plantes peuvent mourir en silence car, en l’absence de feuilles et de végétation, il n’y a aucun moyen pour le jardinier anxieux de vérifier la santé de ses plantes. Tout d’abord, rétablissons une vérité : le froid ne tue pas les végétaux en bonne santé et adaptés au climat de votre région.

Choisir des espèces adaptées

Premier conseil de bon sens : plantez dans votre jardin des végétaux qui s’adapteront aux conditions de votre jardin. Ne prenez pas seulement en compte la rusticité indiquée sur l’étiquette car cette valeur n’a justement aucune valeur si elle est prise seule : prenez soin de vérifier l’exposition, les besoins en eau, le type de sol. En effet, c’est bien souvent l’excès d’humidité et un type de sol inadéquat qui causent la mort des plantes en hiver, et non le froid.

Ne vous prenez pas non plus pour un de ces grands botanistes de la grande époque des rois de France ramenant des plantes exotiques de leurs grands voyages autour du monde. Aujourd’hui, nul besoin de voyager car les jardineries vendent ces exotiques et autres méditerranéennes qui n’ont pourtant pas leur place dans les jardins du nord de la France (sauf peut-être en Bretagne.). Mais la mode a ses raisons (économiques) et avoir un palmier, un olivier, un laurier rose ou un pied de lavande au bord de sa piscine au nord est devenu un must.
Alors, l’hiver venu, il faut protéger, couvrir et rentrer à l’abri toutes ces plantes frileuses. Cela fait beaucoup de travail pour un jardinier hédoniste désirant un beau jardin sans trop se fatiguer. C’est un paradoxe.
Faut-il renoncer à un « exotisme hivernal » dans les jardins au nord de la Loire.

Mais si vous désirez un peu de piquant et d’exotisme survivant à l’hiver rigoureux de votre région, essayez le Yucca filamentosa ou le palmier Trachycarpus fortunei : dans le Nord-Est, il résiste relativement bien au froid à condition d’acheter un sujet adulte de bonne taille (il sera nécessaire de casser votre tirelire…). Autre plante à l’aspect exotique mais bien de chez nous, le sedum. Mon préféré est le Sedum rupestre (orpin des roches) qui, sans être le plus beau, est le plus facile à cultiver et à multiplier soi-même. Il suffit d’en acheter un ou deux pieds et de faire quelques boutures de tiges.
Imaginez un petit aménagement avec un Trachycarpus f., quelques Yucca, des Sedum, agrémentés de touffes de fétuques (Festuca glauca) aux teintes bleutés, le tout tapissé d’une couche de graviers de couleur disposés sur un feutre géotextile. De plus, aucunement besoin de protection l’hiver.

Les bons gestes jardiniers en hiver

Vous l’avez compris, plus que le froid, c’est surtout l’humidité excessive qui cause le plus de dégât en hiver. Pour s’en protéger, à chaque type de plante sa technique.

Des graminées en bonne santé et esthétiques en hiver
Pour les graminées, il faut laisser les chaumes intacts pendant l’hiver. Il est de coutume de les rabattre vers le mois de mars avant la reprise de la végétation. En effet, rabattre les graminées à l’automne n’est pas la chose à faire car l’humidité s’accumulerait dans les tiges creuses, provoquant ainsi des pourritures et peut-être leur mort. Les graminées (pas toutes) sont des plantes adaptées au froid mais une mauvaise pratique peut les rendre fragiles. L’observation de la nature est ici primordiale.

Enlever les mousses et lichens
Les arbres et arbustes un peu anciens se couvrent pendant la mauvaise saison de mousses et lichens sur les branches exposées au nord. Même si cela ne représente pas de danger direct pour les végétaux, les aspérités que cela représente constituent deux problèmes majeurs :
- Premièrement, elles peuvent être des refuges idéaux pour les formes ovipares (œufs) des insectes ravageurs qui en profitent pour effectuer leur diapause (sorte d’hibernation) pendant l’hiver.
- Seconde problématique : les mousses et lichens maintiennent l’écorce des arbres et arbustes humide ce qui peut la fragiliser et la rendre sensible à des maladies fongiques opportunes.
Certains feront remarquer que dans la nature, aucun jardinier n’est présent pour retirer les mousses et lichens des espèces sauvages. Mais le jardin est un milieu artificiel déséquilibré où les végétaux présents sont des variétés horticoles issues de croisement dans un objectif esthétique et non de survie de l’espèce. Vous devez donc profiter de l’hiver pour brosser les branches les plus grosses avec une brosse en nylon (et non métallique comme on le voit parfois) pour ôter mousses et lichens.

Traitement d’hiver sur arbres et arbustes non systématiques
Les insectes réfugiés dans les écorces comme évoqué plus haut peuvent poser problème au printemps et certains jardiniers prévoyants effectuent des traitements dits « d’hiver et de fin d’hiver » à base d’huile végétale. En effet, la viscosité de ces huiles (en général du colza) étouffe les œufs, larves et insectes adultes dans toutes les anfractuosités des écorces. Le seul problème est la non sélectivité de ce type de traitement qui tue bons comme mauvais insectes. Une stratégie de traitement est donc à mettre en œuvre en opposition à une action systématique annuelle sur tous vos arbres et arbustes d’ornement.

En hiver : paillage ou pas paillage
Le paillage est une bonne méthode pour économiser l’eau en période estivale. Cependant, l’hiver, cette couche isolante maintient une humidité excessive au niveau des racines et peut constituer un obstacle au réchauffement rapide du sol au printemps. Ce sujet mériterait un article complet pour être développé tant les théories contradictoires circulent d’un jardinier à un autre. Tout dépend du type de végétal, de sol et de paillage.
Par exemple, un sol argileux qui aurait tendance à se rétracter en été, et nécessiterait donc un paillage à cette période, deviendrait (sous ce même paillage) extrêmement asphyxiant pour les plantes dans une région aux hivers très arrosés. Donc là encore, pas de règles toutes faites mais une réflexion intelligente adaptée à la situation.

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