il y a bien longtemps ,j'ai acheté une petite maison qui avait appartenue à une personne agée décédée,il a fallu vider toute la maison mais la seule chose que j'ai gardée c'est sa canne et ma collection commencait.............
La Canne ...
n'a pas d'âge... ou plutôt elle a l'âge de l'homme
L'homme avec un grand H puisqu'elle est née le jour où l'animal, qui devait devenir homme, c'est mis debout sur ses deux pattes arrières pour la première fois.
Ayant les deux pattes avant libres, il a cueilli une branche à sa taille... une canne pour se défendre, pour attaquer, pour menacer et, s'il était fort, pour se faire respecter par les autres membres de sa troupe, de son clan, de sa tribue, puis pour s'appuyer, fatigué par une longue marche quand arrivait la fatigue de la fin de sa vie.
La branche arrachée à l'arbre, il la prend dans la main par le bout en équerre, vous savez, celui qui était attaché au tronc
Et, quand il la trouve bien à sa main, bien à sa taille, il la garde.
Ainsi est née ... La Canne , elle ne savait pas encore qu'elle s'appelait ainsi. Brute, sans éducation ni forme précise, sans passé, sans histoire mais avec un avenir fabuleux, celui de son compagnon et propriétaire qu'elle ne laissera plus d'un pas. Un jour, assis au soleil, sa Canne à ses côtés, l'homme pose la main sur une pierre. Il la prend, l'éclate, parcourt du pouce le tranchant. Ainsi fait, il prend sa Canne, approche l'outil du bois et taille... vaguement ...
Un motif se dessine, se précise, s'affine, devient sculpture. Sa Canne n'est plus anonyme, elle a sa personnalité... nous retrouvons le même processus et les mêmes gestes chez nos poilus de 14/18, pataugeant dans leur bourbier, le couteau ayant remplacé la pierre taillée
Même geste naturel, instinctif de l'homme dépouillé face à la vie ou à la mort.
Extrait de La Gazette