Une histoire de famille vraie racontée par François Histoire de famille au début du 20ème siècle sur l’Ile Papey.
Un fermier a décidé de vivre dans la nature avec sa femme sur l’île Papey. Il y est resté 40 ans. Il a eu dix enfants avec la même femme. Celle-ci est morte. Il s’est remarié avec une autre femme avec laquelle il a eu quatre autres enfants. Quatorze enfants sont donc nés sur cette île.
Ils restaient sur l’île toute l’année et n’allaient chercher que trois ou quatre fois sur la côte Est ce qui était vraiment nécessaire et un peu de bétail. Ils se nourrissaient de la nature, mangeaient les œufs et la chair des macareux moine.
Imaginez quatorze enfants ! Il doit y avoir maintenant des centaines de descendants. |
Nous retrouvons les champs de pierre ponce, ce qui donne une idée de l’impact de l’éruption de VITI.
Puis nous traversons le pont d’une rivière où nous nous arrêtons quelques minutes pour l’observer. La photo est en couleur, mais on la croirait vraiment en noir et blanc. Ici la rivière est extrêmement puissante. Son lit et ses abords sont faits d’obsidienne, cette roche noire vitrifiée que l’on a déjà rencontrée. On peut voir de magnifiques orgues basaltiques. Quand il y a une activité volcanique sous le glacier de VATNAJÖKULL, cela influence son débit. C’est une façon indirecte de savoir s’il y a une éruption.
Ensuite, on fait un tout petit détour pour aller voir le hameau de MÖDRUDALUR qui a une ferme la plus élevée en altitude de l’île (environ 460 mètres) et aussi la plus éloignée de la côte. Rappelons que cette région était beaucoup plus colonisée jusqu’à l’époque de l’éruption de ASKJA en 1875. Ce hameau présente une ferme, des maisons reconstituées avec un toit en gazon (un restaurant), une église. Il fait ici très, très froid en hiver (jusqu’à -25 à -30°).
Puis on récupère la nationale et on file vers l’Est. On restera sur cette nationale jusqu’à mardi soir 4 Août maintenant. Dès que nous sommes sur la nationale, les paysages vont ressembler à ce que l’on a déjà vu dans le Nord de l’île. Nous sommes sortis du GRABEN médian de la région centrale et jeune de l’Islande. Mais le basalte tertiaire paraît encore ici plus érodé.
L’Est est la région des fjords très découpés et profonds, un peu semblables aux paysages du Nord Ouest qui ne font pas partie du programme.
Autre particularité : il existe dans l’Est des colonies de rennes dans certaines zones. Ce n’est pas un animal d’origine. Il a été importé par les danois au 18ème siècle.
Autre chose encore…Se trouvent dans l’Est plusieurs ports importants notamment celui de SEYDISFJÖRDUR. C’est là qu’arrive le bateau que l’on peut prendre à partir du Danemark ou de l’Ecosse, si on veut se rendre en Islande avec sa propre voiture. Dans ce cas on commence le voyage à partir de là.
L’usine d’aluminium
Ce soir nous dormirons dans une guesthouse dans le fjord REYDARFJÖRDUR en dessous de celui que je viens de citer. A cet endroit la compagnie américaine ALCOA a construit une usine d’aluminium à quelques kilomètres. Pour se faire, les Islandais ont construit le barrage hydroélectrique de KARAHNJUKAR, certes exploit technologique mais qui a causé des dommages écologiques importants. C’est un peu le problème éternel de l’Islande : comment diversifier son économie ! Le grand projet de l’époque des années 1980 c’était de développer l’industrie de l’aluminium...il fallait alors trouver une énergie et on ne pouvait le faire qu’en construisant un barrage au Nord Est du volcan VATNAJÖKULL. Actuellement les cours sont très volatiles et sensibles aux fluctuations de la conjoncture mondiale. Un autre projet est en cours néanmoins, bien que décrié et retardé, au Nord de l’Islande près du port d’HUSAVIK.
Géologie
Nous faisons la pause du midi à la petite ville d’EGILSSTADIR. Eloignée des côtes mais en connexion avec la mer, puis gagnons REYDARFJÖRDUR par la vallée FAGRIDALUR qui communique avec plusieurs fjords. Les paysages que nous découvrons présentent d’anciennes orgues basaltiques très érodées et en partie recouvertes par la mousse. On observe ici des montagnes faites de plus de couches sédimentaires entre les couches basaltiques que dans d’autres régions de l’Islande. Ce qu’on voit maintenant ici très bien, c’est l’inclinaison de toutes les montagnes. Les montagnes de l’Est ou de l’Ouest de l’Islande s’inclinent vers le centre de l’île à environ 8 degrés. C’est un phénomène du à l’affaissement de sa région centrale.
En fin d’après-midi, quand nous serons bien installés dans la guesthouse, nous irons faire une petite balade à pied dans les environs avant le repas.
Que dire encore sur REYDARFJÖRDUR ? En surplomb du village, existent en haut de la colline des hangars tout rouges qui en fait servaient d’hôpital aux soldats américains, canadiens et norvégiens en temps de guerre. Le village voyait alors passer beaucoup de monde. |
On voit bien sur cette photo l'inclinaison des montagnes à 8°
La guesthouse très confortable après nos deux nuits au refuge de montagne
REMARQUE
En Islande, il existe très peu de forêt originelle et même très peu de forêt tout court (moins de 2% du territoire) ! Ce que vous voyez là sont des sapins plantés. Notre guide les appelle "les sapins de noël "! Ce sont les colons qui, à l'époque, ont largement contribué à la déforestation en utilisant le bois pour les habitations et les bateaux. Mais ce fut aussi l'oeuvre complémentaire des moutons et des éruptions volcaniques. |
Nous vivons aujourd’hui la rude réalité islandaise du centre de l'île. Nous partons à 9 heures, bagages refaits et chargés dans le 4 X4. J’ai pris, sur les conseils de François, un petit déjeuner léger, car on nous allons traverser un désert de lave et ça va tourner dans tous les sens. La route va être un peu imprudente et cette fois, le type de véhicule que nous avons va se révéler obligatoire. Notre trajet durera 5 heures. Nous allons faire un petit détour sur la route pour aller voir la CASCADE DE DETIFOSS. Nous reviendrons ensuite sur nos pas pour nous diriger vers l’intérieur du pays pour aller au refuge et ce soir près DE LA CALDEIRA D’ASKJA. Nous traversons la rivière JOKULSA, et la longeons ensuite pour prendre la fameuse piste tortueuse. Cette rivière vient directement du GLACIER VATNAJOKULL, le plus grand glacier situé au Sud de l’Islande. C’est une des rivières les plus importantes d’Europe tout au moins au niveau débit.
Il reste 25 km après la bifurcation pour se rendre à la cascade. Nous avons déposé la remorque pour pouvoir aller plus vite et la reprendrons au retour. Tout le paysage a été formé essentiellement à la fin des dernières époques glaciaires, clôturée par de gigantesques crues. Une fois à l’intérieur des terres, nous y resterons jusque à peu près dimanche soir, au moment où nous retrouverons la côte Est de l’île. On ne voit pas encore très bien les sommets vers lesquels nous nous dirigeons mais François nous signale notamment un nom : LA MONTAGNE HERDUBREID.
Devant nous maintenant, s’étend, de part et d’autre de la piste, un désert de lave de pierre ponce très coupante. Il y a moins de végétation et il y en aura de moins en moins sauf à quelques endroits où nous trouverons des petits oasis. Nous entrons dans le désert de lave de ODADAHRAUN. « ODADAHRAUN » signifie littéralement « champ de lave des crimes ». Jusqu’à il y a environ deux siècles, les condamnés à mort étaient laissés à l’abandon dans ce champ de lave et n’avaient pas le droit de revenir sur la côte. Il faut imaginer comment la vie était difficile ici dans un environnement comme celui-ci où il n’y a pratiquement pas d’eau en surface et où bien sûr on est très exposé au vent, au froid et à la pluie. Peu de condamnés survivaient à cette expérience sauf les quelques uns qui réussissaient à s’installer dans un des rares oasis que l’on pouvait trouver dans cette région.
On n’a pas de témoignage ancien, mais ce désert de lave de pierre ponce provient probablement de la grosse montagne HERDUBREID qui culmine à 1682 mètres. Il s’agit d’une lave chaotique, extrêmement coupante, qui se crevasse facilement, très gazeuse.
La route s’avère en effet difficile, très sinueuse et accidentée.
Nous arrivons vers 15 heures au refuge de DREKAGIL, qui veut dire "la rivière du dragon". Nous nous installons pour deux nuits. Compte-tenu de la longueur de l'été en Islande, ce refuge est ouvert actuellement environ 70 jours par an. |
La cascade de DETIFOSS est connue pour sa force. Le débit moyen est de 130 m3/seconde. A l’époque de la fonte des neiges au début de l’été et aussi en cas d’éruptions volcaniques sous la glace de VATNAJÖKULL, il peut atteindre 350 m3/seconde ce qui semble pourtant inimaginable.
Le cadre de la cascade, c’est un grand amas de pierres. Ce sont en fait des morceaux de lave basaltique, qui ont été charriés par la rivière à toutes les époques.
Il y a assez peu de vie ici. Photo de Eric Dorange
Photo de Eric Dorange
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Vendredi 31 juillet 2009
Nous refaisons nos sacs. Nous remontons dans le 4X4. Une journée de route difficile nous attend. |