Suite des récits de notre confrère PETER HODGES
Le Jilaboun (extrait)
Sous le ciel noircissant je marchais lentement sur le chemin rocailleux. Il y avait de temps en temps un éclair qui a rallumé le paysage. Le tonnerre grondait, puis c'était le déluge. Je ne voyais presque rien à cause de l'eau dans mes yeux mais je me suis souvenu du grand cèdre à droite à une centaine de mètres. Je voulais m'y mettre à l'abri sous ses branches.
Dans un orage, c'est peut-être pas trop intelligent, mais j'ai quitté le chemin quand même et j'ai couru vers mon but le plus vite possible. Je me suis blotté contre son tronc, j'ai rabattu mon manteau sur ma tête comme un bédouin dans le désert, et j'attendais ... et j'attendais ... on aurait dit une éternité. Puis, tout d'un coup, la pluie a cessé, mais le ciel restait la couleur d'une truffe périgourdine. C'était le moment ou jamais. Je me suis levé et, sans attendre, je me suis rué vers le chemin qui menait au kibboutz mais, avant d'arriver à ce sentier sinueux, une couleur très vive m'a pris par surprise. Il y avait une pancarte jaune rectangulaire, un triangle rouge, et deux mots reconnaissable: "Danger. Mines." C'était pas possible! Je courais par-ci par-là dans un champ de mines!
Avant mon départ pour le Jilaboun, personne ne m'en avait averti mais, à vrai dire, j'aurais dû m'en rendre compte.