grammaire ornementale - suite - |
09/03/2018
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Sculpture sur bois, en haut-relief, reprise au 19° siècle en ce qui concerne les feuilles de placage décorant la chaire de l'abbatiale de Saint-Avit Senieur : (textes et clichés JJD). Pour l'authenticité de la conception, la grande époque, le siècle des âmes, le 17° siècle, nous ne possèdons aucun calque ni modèle, ni carnet imagier, cependant que la facture travaillée est assez analogue dans sa rusticité aux oeuvres présentes notamment sous la chaire de la cathédrale de Sarlat, oeuvres authentifiées.
Examinons à présent cette figure allégorique symbolisant "la pensée", incarnée dans ce personnage à la fois masculin et féminin, disons asexué, car la pensée est un principe universel. Le personnage mutique, hiératique, brandit une sorte de volumen imposant, dont la fonction représente le livre sacré réduit à sa plus simple expression stylisée, chargé aussi d'éclairer le monde : le message christique. Ce n'est donc pas un candélabre, mais plutôt une référence à la vieille école Pythagoricienne toujours présente à l'esprit des donneurs d'ordre. Il s'agit d'un symbole axial, diffuseur de lumière, donc diffuseur de pensée.
Les personnages agenouillés, pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, en visite à Saint-Avit Senieur, se soumettent à la pensée divine, apportant leurs offrandes, en hommage à l'ermite Avitus.
Pour ce qui concerne la figure en volutes, cette représentation assez répandue dans l'art roman (puis gothique), aborde l'expansion de l'unité car le quaternaire est le nombre de la manifestation du verbe, dans les quatre directions de l'espace : référence à la fameuse "tétractys" pythagoricienne.
La pensée divine : Figure numéro 5.
A l'issue des ravages de la révolution de 1789, l'univers religieux a recomposé une partie des oeuvres saccagées.
Copyright J.J. Dallemand - Second volume "La grammaire ornementale".
Deux exemples d'oeuvres avec moulures typiques en haut-relief, sur le thème de la justice divine et ses allégories.
Cette seconde étude faisant suite à "L"Egregor" paru en 2016, traite essentiellement le thème de la grammaire ornementale en ce qui concerne l'abbatiale de Saint-Avit Senieur en Périgord.
A travers une exégèse visuelle, un relevé du bestiaire, la présentation rhétorique des images à la recherche du répertoire iconographique.
Dallemand : exégèse visuelle du répertoire iconographique, suite de l'étude consacrée aux représentations sur bois, chaire de l'abbatiale de Saint-Avit Senieur.
La pièce présentée aujourd'hui est un élément unique au sein de cette église de l'abbatiale parce qu'il s'agit de ce que nous appelons une représentation christique paradoxale. Il est évident que le message du Christ fut essentiellement oral et nulle part il n'est fait mention -dans les Evangiles- d'une attitude scripturale de sa part. Et tout l'intérêt de cette posture insolite réside justement dans cette apparente contradiction car le message invisible qui nous est adressé sur un mode crypté est tiré d'un verset, le verset 16-19 dont l'auteur est Matthieu.
"Ce que l'homme liera sur la terre sera lié dans le ciel"
Et c'est justement ici que ce "Christ Légator", testateur, en somme pédagogue, a pour mission de susciter l'éveil du regard intérieur, chaque fois qu'un pélerin ou bien un simple visiteur tant soit peu curieux, se donne la peine de contempler les oeuvres offertes à notre admiration.
Figure numéro 1.
Copyright : JJ Dallemand - Février 2018 -
Haut-lieu de passage, le Mont Dauriac abritait les reliques du célèbre ermite AVITUS, réputé quant à son pouvoir de guérisseur-thaumaturge-
AVITUS te touche, Dieu te guérit, et dans ce cas, la dévotion à l'égard de l'ermite, et de ses restes sacrés devenait l'objet capital dont le pélerin devait s'acquitter sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Cette sorte de bagage indique qu'il ne s'agit pas d'un simple et anonyme pèlerin sillonnant les routes, mais probablement, d'un personnage en quête de l'universalité du savoir, méritant que son portrait demeure ici, gravé pour l'éternité.
L'archétype de l'écolâtre, figure assez peu représentée, sachant qu'au Moyen-Age, instruction et clergé sont intimement liés. Figure numéro 2.
Allégorie du Savoir et du Pouvoir
Ce personnage représenté en "contre-plongée" incarne à la fois le Savoir et le Pouvoir de la religion. En posture dominante, il est le symbole du Père-Abbé, le modèle type, la référence absolue au sein de l'Abbatiale.
C'est en cela qu'il illustre parfaitement, par l'intermédiaire de son langage silencieux, la fonction de l'autorité ecclésiastique, invitant le passant et le pèlerin à entrer dans le rituel d'allégeance.....
A noter sous le bras droit la discrète présence de ce qui vraisemblablement représente l'Evangile selon Saint-Jean, conforté par l'apparition de l'aigle. L'aigle, symbole aérien, référence Johannique d'une pensée spirituelle très élevée.
Cette séquence présente une gestuelle d'une parfaite sobriété. Dans l'ordre de placement autour de la chaire, cette figure est le numéro 3.