Fille de marin
Texte dédié à Alice CECCOTTI
Du vivant d'mon ancêtre un brave timonier
suspendu aux fenêtres les draps blancs nature
se la coulaient douce. De la cave au grenier
les minots Tom Pouce déployaient voilure.
Le guerres accomplies, les hommes ensevelis
Pour la paix -pour l'honneur- récusaient le passé
les messes les complies...pour l'attrait d'un vrai lit
D'un jupon et d'un coeur...Adieu les trépassés.
Encriers et plumes des malles surgirent
Picasso et Renoir, grimoires et parchemins,
Vieux cols durs, enclumes, le martyre subirent.
On vida les tiroirs. Sur l'or on mit la main.
Et moi je vous l'avoue ; comptable des deniers,
De filles n'aurez plus ni d'amour très bientôt.
Au supplice de la roue nous serons les derniers,
Au gibet résolus. A Nantes et à Bordeaux.
Tant qu'il est mort on n'fait plus rien !
Pis ou mieux encore l'ancêtre au p'tit génie,
C'est heureux, fut un sacré marin.
Certes, l'avait pas tort en prêchant l'harmonie.
Jean-Jacques Dallemand